À la veille des élections à la Fédération Togolaise de Taekwondo (FTTKD), des tensions internes secouent la discipline. Bien avant même que le ministère des Sports et des Loisirs ne recommande aux fédérations nationales sportives d’organiser leur assemblée générale élective au plus tard le 28 septembre 2024 afin de se conformer aux années d’Olympiade, l’harmonie qui régnait au sein de la famille du taekwondo togolais est partie en fumée en ce début d’année avec des dénonciations calomnieuses et la divulgation de fausses informations diffamatoires.
Des tensions internes et des dénonciations calomnieuses
Malgré des saisines du ministère de tutelle sans gain de cause, un groupuscule de pratiquants n’a trouvé comme dernier recours que la justice. Le ver dans le fruit a commencé à se manifester dès l’élection de Dr Frank Eyii Klutse à la tête de la liste « L’Expérience » le dimanche 31 mars 2021. « En réalité, je collaborais avec certains membres du BE qui avaient une autre appréhension des postes qu’ils occupaient avec des ambitions inavouées et un agenda caché », a déclaré Dr Frank Eyii Klutse.
Un bureau exécutif fragilise mais résilient
À la non-participation de ces membres aux activités de la fédération s’ajoutent des absences injustifiées aux réunions du Bureau exécutif. Cela n’a pourtant pas fragilisé le Bureau exécutif dans son élan de travailler pour le bien de la discipline au Togo. Les activités se sont déroulées avec l’organisation des examens de passage de grade à Lomé et à Kara en 2022, la participation de l’équipe nationale aux Opens de Niamey et du Sénégal soldés respectivement par des médailles d’argent et d’or, des championnats régionaux dans les ligues régionales, ce qui est une première, et la phase finale des championnats nationaux en mars 2023 qui ont connu un succès retentissant.
Des critiques et des mémorandums
Au lendemain de ces activités qui ont connu un succès éclatant, les critiques ont commencé à la suite de la présentation des rapports. Un mémorandum est signé par 4 membres du Bureau exécutif pour dénoncer ce qu’ils qualifient de mauvaise gouvernance. Les autorités sportives rappellent les uns et les autres au respect des textes en vigueur. Ces membres, qui n’ont pas vu prospérer leur action, ont décidé de s’associer à quelques responsables de clubs à qui les informations partagées sur la plateforme du Bureau exécutif sont systématiquement divulguées. La confidentialité et le droit de réserve prescrits par le règlement intérieur sont violés.
Des succès malgré les difficultés
Malgré ce contexte difficile, la locomotive continue de tirer les wagons. La participation de Ibrahim Mamoudou au championnat d’Afrique en novembre 2023 à Abidjan en Côte d’Ivoire s’est soldée par une médaille de bronze. Encore une première pour le taekwondo togolais. Cette médaille est appréciée par la famille du taekwondo togolais en signe d’espoir pour remettre de l’ordre dans la maison.
Des rencontres et des dénonciations
Mais c’est au tour d’un groupe de responsables de 5 clubs de prendre le relai pour dénoncer ce qu’ils qualifient de mauvaise gestion et de mauvaise gouvernance. Des rencontres entreprises par le Ministère des Sports et des Loisirs font clairement apparaître que les informations fournies par le groupe des 5 proviennent réellement des 4 membres du Bureau exécutif qui sont rentrés en dissidence sans jamais notifier ni acter leur démission du BE. Une situation ubuesque qui a conduit le Ministère de tutelle à engager une démarche de conciliation des parties, lesquelles rencontres se poursuivent d’ailleurs, mais rien n’y fit.
Une démarche judiciaire inédite
Profitant de la situation ainsi créée, le président de club Tiger Show de Kpogan, Me Ferdinand Amazohoun, prend les devants de la dissidence pour porter ces affaires sportives devant les tribunaux au nom du groupe des 5. Une démarche totalement incroyable. En clair, il ressort de la démarche au jugement l’exigence d’un comité de 5 membres (2 de leur camp, 2 de l’actuel BE et un représentant du ministère des Sports et des Loisirs) pour diriger la fédération, en violation des textes en vigueur et alors même que la Fédération s’organise pour convoquer une Assemblée générale élective en vue de respecter la période des olympiades introduite par la tutelle et le CNO-Togo.
Des questions d’éthique et de discipline
De quoi les gens ont-ils peur ? Pourquoi ne pas aller simplement aux élections qui sont déjà en préparation et les gagner en vue de prendre la fédération afin de corriger ce qu’on reproche au Bureau exécutif actuel ? Dans tous les cas et en fin de compte, tout finira par les élections. Pourquoi ne pas y aller en même temps en faisant économie des tracasseries judiciaires ?
Détacher l’ivraie du vrai
En tête du groupe des 5 clubs se trouve Me Ferdinand Amazohoun, détenteur de la ceinture noire 1er Dan depuis 2012. Approché, un dirigeant raconte : « Depuis son admission à ce grade dont le président Frank Klutse a beaucoup contribué à avoir, Me Amazohoun n’a cessé de poser des actes qui ne vont pas dans le sens de l’inclusion. Après tant d’années à n’avoir pas participé aux activités de la fédération, il se serait inscrit à l’examen spécial de passage de grade en Côte d’Ivoire en 2022 pour la ceinture noire 4e Dan alors que des examens ont été régulièrement organisés à Lomé devant lui permettre de passer le 2e Dan, le 3e Dan, s’il a le niveau, avant de prétendre à accéder à un 4è Dan ». De tels agissements ont amené un observateur de la discipline à s’interroger sur les intentions réelles et l’esprit d’un vrai pratiquant.
Le témoignage d’un pratiquant vivant à l’étranger
Le témoignage d’un pratiquant vivant à l’étranger est poignant : « Le taekwondo évolue mais j’ai l’impression que certains de mes compatriotes ne se mettent pas à jour. La participation d’un athlète togolais vivant en France à un championnat du monde est sujette à débat. On parle de sa non appartenance à un club togolais. Je me pose la question si nous pratiquons le même sport. L’athlète est togolais ou pas. Le sport individuel à des spécificités contrairement au sport collectif. L’enregistrement d’un athlète de l’équipe nationale et du coach national à un Open aussi est vivement critiqué alors que l’athlète même peut être administrateur de la plateforme mondiale pour s’inscrire à ces genres d’activités dont la participation permet de gagner des points au Ranking mondial. Mes compatriotes passent leur temps pour des futilités faute de connaissance. C’est dommage », s’indigne-t-il.
Le président de la FTTKD Dr Frank Eyii Klutse, est connu pour sa rigueur et sa transparence dans la gestion de la chose publique. Unanimement les pratiquants reconnaissent qu’il a redoré le blason du taekwondo togolais depuis son arrivée à la tête de la fédération. Fort de ses expériences d’ancien athlète, il ne lésine pas sur les moyens pour la promotion et le développement du taekwondo au Togo malgré les difficultés pour trouver des financements. « Il n’y a pas mieux que de féliciter et d’encourager Frank Klutse pour tous les efforts et les sacrifices consentis durant ces dernières années. À travers son management et sa vision, le taekwondo togolais a un nom. Aujourd’hui, on parle fièrement du Togo sur le plan continental et c’est déjà un acquis », se félicite un pionnier du taekwondo au Togo.
La discipline de groupe et individuelle
L’autre chantier auquel il doit s’attaquer est la discipline de groupe et celle individuelle. Le taekwondo véhicule le respect de soi et le respect de l’autre. La discipline qui est le fondement même de cet art martial doit avoir sa place. « C’est seulement au Togo qu’un pratiquant de ceinture noire 1er Dan peut regarder dans les yeux de son maître ceinture noire 7e Dan pour mal lui parler, lui manquer de respect, parce qu’ils font partie du Bureau exécutif de la fédération. On a besoin certes de compétence mais il faut de la discipline pour réussir », s’indigne un pratiquant. À l’approche de chaque élection, le taekwondo fait le chou gras des journaux. Et chacun y va de ses intérêts soit pour dénoncer, soit pour accompagner. C’est de bonne guerre. Mais il faut penser à sauver la pratique de la discipline par tous les moyens. « Comment pouvez-vous trouver des sponsors si chaque fois on parle en mal de taekwondo dans la presse », fait savoir un président de club. Il poursuit : « Par ces actes, ils ternissent l’image du taekwondo au Togo. Je pense qu’il faut établir un code de discipline pour sanctionner voir exclure des personnes de la pratique pour assainir la maison », recommande ce dernier.
En attendant le verdict du tribunal
En attendant le verdict du tribunal par rapport à l’assignation, il est impératif de balayer la maison de la FTTKD au nom de la discipline. Le taekwondo togolais a besoin de ressources humaines pour se valoriser mais il est important d’édicter des règles pour faire régner la discipline au sein de la famille en éjectant du groupe les éléments perturbateurs.